Chapitre 5
De l’abstinence et du jeûne
Les Frères et les Soeurs s’abstiendront de l’usage de la viande les lundis, mercredis, vendredis et samedis, à moins que la maladie ou la faiblesse du tempérament n’exige le contraire. Ceux qui auront été saignés pourront en manger trois jours de suite; on ne l’interdira pas non plus à ceux qui voyagent. L’usage de la viande sera également permis à tous aux jours de solennité, où l’ancien usage le permet aux autres chrétiens. Ils pourront user des oeufs et du fromage tous les autres jours où l’on ne jeûne pas.
Mais lorsqu’ils se trouveront avec d’autres religieux dans leurs couvents, il leur sera permis de manger ce qu’on leur présentera: qu’ils se contentent du dîner et du souper, à moins qu’ils ne soient d’une faible complexion, ou malades, ou en voyage.
Ceux qui se portent bien doivent être sobres dans le boire et dans le manger, selon qu’il est écrit dans l’Evangile: Que vos coeurs ne s’appesantissent pas par l’excès du boire et du manger. Ils réciteront une fois l’Oraison dominicale avant le dîner et avant le souper; après le repas, ils la réciteront de nouveau en y ajoutant Deo gratias. S’il arrive qu’ils y aient manqué, ils diront trois fois le Pater noster.
Les Frères et les Soeurs jeûneront tous les vendredis de l’année, à moins qu’ils n’en soient dispensés par la maladie ou toute autre cause légitime ou que la fête de Noël ne se célèbre en ce jour. Mais ils jeûneront tous les mercredis et vendredis, depuis la fête de la Toussaint jusqu’à Pâques: ils observeront pareillement les autres jeûnes établis par l’Eglise, et ceux qui seront prescrits par l’Ordinaire pour quelque cause d’utilité publique. Pendant le carême de la Saint-Martin jusqu’à Noël, et pendant le grand Carême qui commencera le dimanche de la Quinquagésime jusqu’à Pâques, ils devront jeûner tous les jours, le dimanche excepté, à moins que la maladie ou quelque autre nécessité ne les en dispense.
Les personnes enceintes pourront, si elles le veulent, s’abstenir de toute austérité corporelle, à la réserve des prières, jusqu’au jour de leurs relevailles. Ceux qui travaillent pourront, à raison de leurs fatigues incessantes, faire trois repas les jours où ils travaillent, depuis le dimanche de Pâques jusqu’à la fête de saint François 1. Lorsqu’il leur arrivera de travailler chez les autres, il leur sera permis de manger de tout ce qui leur sera présenté, excepté le vendredi ou tout autre jour de jeûne que l’on sait être généralement prescrit par l’Eglise.
Ces mots, *jusqu’à la fête de saint François ont été substitués par le pape Nicolas IV à ceux-ci: jusqu’à la fête de saint Michel que saint François avait mis dans la Règle. ↩︎